Anti-éolien et anti-nucléaire renvoyés dos à dos par RTE sur le mix électrique en 2050
28/06/2021
Que sera le mix de production d'électricité de la France en 2050 ? RTE Le gestionnaire du réseau de transport électrique vient de publier les six scénarios actuellement à l'étude. L’objectif étant de permettre d'atteindre la neutralité carbone à cette date et le point commun à ces cinq possibilités sont un fort développement des renouvelables. Certains scénarios envisagent même, à terme, une sortie complète du nucléaire.
A quelques mois de la présidentielle, la bataille entre anti-éolien et anti-nucléaire risque d’être explosive en France. Il devient utile d’opposer des arguments rationnels et factuels face aux postures idéologiques des deux camps , car dans les deux camps, idéologie et arguments erronés sont réels . D’autant que la politique énergétique de la France trop longtemps confisquée par quelques experts, apparaît opaque et certains pensent que tout est décidé à Bruxelles.
Le gouvernement a demandé un rapport sur le mix électrique en 2050 au gestionnaire de réseau RTE, pour décider de la construction de nouveaux réacteurs nucléaires en France. Cette étude fournit , de précieuses informations pour comprendre les enjeux et décrypter le vrai du faux. RTE dans son rapport "Futurs énergétiques 2050" , après 4 000 contributions à la consultation publique sur le sujet , a permis d’affiner les six scénarios sur lesquels reposent ses simulations basées sur une analyse technique, économique, environnementale et sociétale . Ce document remet en tout cas quelques pendules à l’heure sur le nucléaire et l'éolien.
50 % de nucléaire est un maximum
Limiter le nucléaire à 50 % du mix électrique en 2050 dans les scénarios n’est pas "une contrainte de nature politique", écrit RTE. Ce taux, inscrit dans la loi Energie climat de novembre 2019 pour 2035, "résultait bien d’une analyse technique". Même en cas de relance du nucléaire, les réacteurs actuels devront à terme être arrêtés pour des raisons d’âge et "il n’apparaît pas possible de les remplacer au rythme (exceptionnel selon les standards internationaux) auquel ils ont été construits". En intégrant les contraintes sur la durée de vie du parc existant, les rythmes maximaux de renouvellement du parc nucléaire ainsi que l’effort d’électrification nécessaire pour atteindre la neutralité carbone, "une part du nucléaire de l’ordre de 50 % de la production d’électricité en 2050 apparaît comme un maximum".
Jusqu’à 14 EPR et des SMR à construire
RTE rappelle aussi que les réacteurs nucléaires du parc actuel devront être massivement fermés entre 2030 et 2060, pour des raisons industrielles et non politiques. Pour rester à 50 % de nucléaire dans le mix électrique en 2050, avec une consommation de l’ordre de 645 TWh par an, production d’hydrogène par électrolyse comprise, il faudrait donc construire 14 EPR, mais aussi de petits réacteurs modulaires (SMR) et avoir prolongé 24 GW du parc historique, dont certains réacteurs au-delà de 60 ans. Un défi industriel. Sachant qu’en cas de réindustrialisation massive, nécessaire pour réduire l’empreinte carbone de la France, il faudra produire jusqu’à 770 TWh par an d’électricité. Il n’y a que dans une variante avec une grande sobriété que la consommation pourrait se limiter à 550 TWh, contre 470 TWh en 2019.
Minimum 2,5 fois plus d’éolien terrestre
Enfin, même dans un scenario très volontariste en matière de nucléaire, il faudra développement massivement des renouvelables de tous types. Il faudra a minima multiplier par sept les capacités installées de solaire pour atteindre 70 GW, installer 22 GW d’éolien en mer, multiplier par 2,5 l’éolien terrestre pour atteindre 43 GW. Il faudrait aussi ajouter 1 GW d’hydraulique et jusqu’à 3 GW d’énergies marines. Dans un scénario 100 % ENR à terme, dans lequel ne serait pas construit de nouvelles capacités nucléaires, l’éolien terrestre alors serait multiplié par 3,5 ou 4 et le solaire par 12 à 21 fois.