Dégringolade du marché du logement neuf
17/08/2023
Le logement neuf s’enfonce de plus en plus dans la crise avec des prix qui continuent de grimper et des taux de plus en plus élevés.
Pour Geoffroy Roux de Bézieux , le président du Medef : «La France va au-devant d’une catastrophe dans le domaine du logement.» . De même, Pascal Boulanger, le président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), affirme, d’une manière plus pressante que «l’année 2023 sera catastrophique». Olivier Salleron, le président de la Fédération Française du Bâtiment (FFB), a déjà prévenu en avril que «100.000 emplois étaient menacés dans la construction». La crise est globale et affecte tout le secteur, depuis l’achat dans le neuf jusque pour l’ancien à la location.
La crise de le construction de logements neufs se traduit par des réservations auprès des promoteurs immobiliers qui ont dégringolé d’environ 40% au deuxième trimestre 2023, sur un an, selon le ministère de la Transition écologique. Avec moins de 18.000 logements réservés, la commercialisation enregistre un cinquième trimestre de baisse consécutif. Même pendant la crise du Covid, cette statistique n’était pas tombée aussi bas, les réservations sont inférieures de 18% à celles enregistrées lors du deuxième trimestre 2020.
C’est l’envolée du taux de crédit immobilier qui a détérioré le pouvoir d’achat des ménages et ceux ci n’ont plus les moyens d’acheter un logement. Même les maisons, très prisées pendant la crise sanitaire, se vendent difficilement . La dégringolade est spectaculaire -45% sur un an. Idem pour les appartements: -39,5%. Cette baisse est la même que celle du nombre de prêts accordés par les banques , étant donné que la quasi-totalité des acheteurs ont besoin d’un crédit pour acquérir un logement. Pascal Boulanger, président de la Fédération des promoteurs immobiliers quant à lui dénonce : «Le gouvernement doit prendre la mesure que certaines décisions prises alors que la demande est forte et soutenue s’avèrent, avec le retournement du marché, totalement contreproductives. Il est vital de revenir sur ces décisions pour éviter de s’enfoncer encore plus dans la crise». Le risque est d’autant plus grand que, contrairement au marché de l’ancien, les prix du neuf continuent de s’envoler. Les promoteurs estiment que le prix moyen d’un logement collectif en France est de 4800 euros le mètre carré. Pour une maison individuelle, le prix est 35% plus élevé.
L’ampleur de cette chute dans le logement neuf est encore plus spectaculaire que dans le marché de l’ancien, où des reculs de 15% à 20% des ventes ont été enregistrés à ce jour. La raison? Cette chute est due aux difficultés d’accès au crédit pour les acquéreurs mais aussi à cause de la hausse spectaculaire des coûts de construction. A cela il faut ajouter la disparition des aides à la construction neuve, avec la suppression du Pinel, qui permet une défiscalisation, et avec le recentrage des prêts à taux zéro, tout cela vient s’ajouter à cette crise du logement neuf.
Les chiffres donnés par les grands groupes, sont révélateurs chez Vinci les réservations ont plongé de 36% en un an, Bouygues accuse une baisse de 14% sur la même période et -20% pour Nexity . Xavier Huillard, PDG de Vinci affirme : «Cela fait environ trois ans que nous voyons les signes avant-coureurs de cette crise, et nous constatons que les réponses apportées par nos gouvernants ne sont pas à la hauteur des enjeux de la filière». Pour faire face à la crise, les promoteurs diversifient leurs activités. Ainsi, Altarea a fortement réduit ses investissements dans la promotion immobilière, achetant beaucoup moins de terrains à bâtir et s’est lancé en début d’année dans les entrepôts logistiques, data centers et installations photovoltaïques. Mauvaise nouvelle pour les ménages qui espèrent encore s’offrir une maison , le rêve d’un grand nombre de Français s’éloigne de plus en plus.